Les Barovier : une dynastie de maîtres verriers sur l'île de Murano

17/07/2023

Les Barovier : une dynastie de maîtres verriers sur l'île de Murano

L'île de Murano, située dans la lagune de Venise en Italie, est depuis des siècles réputée pour sa tradition verrière exceptionnelle. Parmi les nombreuses familles qui ont contribué à cette renommée, la famille Barovier occupe une place de choix. Avec une histoire qui remonte à plus de 700 ans, les Barovier sont considérés comme l'une des plus anciennes et des plus prestigieuses familles de maîtres verriers du monde. Dans cet article, je reviens sur l’histoire de cette famille emblématique.

Si on retrouve la trace de la famille Barovier au XIIIe siècle, le 1^er maître verrier célèbre de la famille fut Angelo Barovier (?-1461). Il est considéré comme l'un des premiers maîtres verriers à avoir perfectionné la technique du verre cristallin ou « Cristal de Venise » – « vetro cristallo », un verre complètement clair, incolore et transparent -. Il a créé des pièces d'une transparence et d'une luminosité exceptionnelles, rivalisant avec le cristal. Ces œuvres étaient alors très appréciées par les

27 générations se sont succédé à la tête de la verrerie familiale Barovier, jusqu’à ce que Jacopo Barovier, petit-fils du grand maître verrier Ercole Barovier (1889-1974), ne se résolve à vendre 80 % des parts de la société en 2015. Fondée en 1295, Barovier & Toso était jusqu’à cette date la 5^e entreprise familiale la plus ancienne du monde et étant toujours en activité ! Voilà qui suffit à assoir le prestige de ce patronyme à la consonance pas franchement italienne..

Si on retrouve la trace de la famille Barovier au XIIIe siècle, le 1er maître verrier célèbre de la famille fut Angelo Barovier (?-1461). Il est considéré comme l'un des premiers maîtres verriers à avoir perfectionné la technique du verre cristallin ou « Cristal de Venise » – « vetro cristallo », un verre complètement clair, incolore et transparent -. Il a créé des pièces d'une transparence et d'une luminosité exceptionnelles, rivalisant avec le cristal. Ces œuvres étaient alors très appréciées par les

familles royales et les cours européennes. On doit aussi à Angelo Barovier l’invention du verre blanc, dit « lattimo », qui ressemble étrangement à de la porcelaine. Plus tard, Marietta Barovier, la fille d’Angelo, crée la perle à chevrons.

Passé la Renaissance, l’art verrier tombe un peu dans l’oubli et manque même de disparaître au milieu du XIXe siècle, alors que Venise est sous domination de l’Empire austro-hongrois (1814-1866). La réintégration de la République de Venise au royaume d’Italie voit renaître la tradition millénaire de la verrerie sur l’île de Murano. Les Barovier, qui n’ont pas perdu leur savoir-faire, vont alors jouer un rôle majeur dans le retour au 1er plan de la verrerie vénitienne à la fin du XIXe siècle.

Un homme joue un rôle crucial dans ce renouveau : Antonio Salviati (1816-1890). À l’origine avocat, passionné par la restauration du verre il veut redonner ses lettres de noblesse à la verrerie de l’île. Il devient le 1^er propriétaire d'usine de verre à employer un grand nombre de travailleurs qualifiés pour produire en masse du verre destiné à l'exportation. Dans son usine qui devient l’épicentre de l’île, les frères Benedetto, Benvenuto et Giuseppe Barovier sont employés.

Les 3 frères décident de quitter Salviati et en 1878 naît Fratelli Barovier (Barovier Frères) qui devient en 1896 Artisti Barovier. Les Barovier continuent à innover et à s'adapter aux évolutions stylistiques et produisent des pièces aux couleurs éclatantes. Giuseppe Barovier (1853-1942) est alors considéré comme le maître verrier le plus talentueux de l’île. Il est à l’aise pour travailler tous les styles et excelle dans l’art du verre mosaïqué (murrine).

Au lendemain de la 1^ère Guerre mondiale, Nicolò et Ercole (1889-1974), les fils de Benvenuto, reprennent le flambeau familial. En 1926, Ercole Barovier devient le directeur artistique de l’entreprise familiale, poste qu’il occupera jusqu’en 1972. Dessinateur et chimiste de grand talent, il créa plus de 25.000 pièces et surtout ne s’arrêta jamais d’essayer et perfectionner de nouvelles techniques. Il obtient un grand succès avec la création de la collection de verres Primavera à la fin des années 30.

Créateur infatigable, il expérimente sans relâche la technique de la coloration à chaud sans fusion. Il étonne ainsi le monde de l’artisanat verrier avec la série Barbarico : des pièces aux formes archaïques et au toucher rugueux dont le process de cuisson intègre des oxydes métalliques.

Sous l’impulsion de Nicolò et Ercole, Barovier fusionne en 1936 avec une autre grande famille historique verrière de l’île : les Toso. Après plusieurs changements de noms, l’entreprise adopte la dénomination Barovier & Toso qui est celle que nous connaissons actuellement. Aujourd’hui, Barovier & Toso continue de représenter l’excellence de la verrerie italienne et propose une assez large collection de luminaires en verre de Murano.

Au fil des générations, les Barovier ont acquis une expertise inégalée dans la manipulation du verre et ont créé des pièces d'une beauté et d'une complexité extraordinaires. Ils ont joué un rôle essentiel dans l'évolution de l'art du verre, tant du point de vue technique qu'esthétique. La famille a développé des techniques telles que le verre cristallin, le verre filigrane, le verre aventurine et le verre millefiori, pour n'en citer que quelques-unes.