Il est considéré comme l’un des plus importants architectes vivants de ce début de XXIe siècle. À 93 ans, l’architecte américano-canadien Frank Gehry continue de fasciner le monde de l’architecture, et plus largement celui du design et des arts avec ses constructions extraordinaires. Comment résumer une carrière qui couvre plus de 6 décennies ? Plutôt que d’égrener un palmarès grandiloquent de réalisations architecturales exceptionnelles, nous avons décidé de parler du style de l’architecte à travers 7 réalisations majeures. Réputé avant tout pour son travail d’architecte, nous démarrons quand même notre sélection avec un mobilier design ! Bonne lecture !
Frank Gehry est issu d'une famille d'immigrés juifs polonais assez pauvre. Son père quitte les États-Unis et Brooklyn pour tenter une vie meilleure au Canada où il se marie en 1926. Frank Gehry nait en 1929 à Toronto. La famille Gehry retourne aux États-Unis à la fin des années 40 pour s’installer sous le climat plus conciliant de la Californie, à Los Angeles. Encouragé par le céramiste et verrier Glen Williams Lukens, Gehry junior intègre l’École d’architecture de l’University of South California, d’où il sort diplômé en 1954, se classant parmi les meilleurs éléments de sa promotion.
Il démarre sa carrière à la fin des années 50 et travaille successivement dans différentes agences d’architecture, mais sent qu’il n’est pas à sa place dans le « mainstream » architectural de l’époque. C’est pourquoi il crée en 1962 sa propre agence d’architecture à Los Angeles, toujours active.
Si la carrière de Gehry décolle vers la fin des années 70, en 1972 il réalise une assise à la ligne sinueuse qui devient iconique : la Wiggle Side Chair. Hommage appuyé à la fameuse (insertion lien depuis site design-market) chaise Zig-Zag de Rietveld, elle est faite d’épaisses plaques de carton laminées et est vendue au prix modique de 15 $. Un souhait du designer pour rendre le design accessible. Malgré son succès, il décide de la retirer du marché, car son objectif est avant tout d’être reconnu comme architecte !
En 1978, Frank Gehry réalise un coup d’éclat qui le fait connaître dans la profession. Il achète avec sa femme un bungalow couleur rose et de style colonial hollandais qu’il remodèle intégralement à sa façon. Certains considèrent cette œuvre comme le 1er bâtiment déconstructiviste. Gehry réalise une extension qui est un patchwork de différents matériaux : du métal, des contreplaqués, des clôtures métalliques, de la tôle ondulée et une ossature en bois. Son idée : construire une nouvelle enveloppe autour de la maison d’origine.
Avec sa maison, Frank Gehry pose les bases de son style architectural marqué par la déconstruction. On le rattache ainsi au mouvement du déconstructivisme. En cela, il s’oppose au courant moderniste de l’architecture porté par l’École du Bauhaus et ses plus brillants représentants (Ludwig Mies van der Rohe, Walter Gropius, Marcel Breuer) et Le Corbusier (entre autres) qui devient par la suite le style international. On est aussi à mille lieux du très avant-gardiste mouvement De Stijl.
Qu’on se le dise, Gerhy a horreur de la ligne droite et des lignes géométriques en général. Il refuse aussi le lien entre la fonction et la forme. C’est pourquoi son style iconoclaste dérange et fait polémique.
Frank Gehry est un esprit ouvert qui aime l’art contemporain. La preuve avec la réalisation de 1985 à 1991, des Binoculars Buildings, un ensemble de 3 bâtiments aux styles différents, avec au centre une véritable sculpture en forme de paire de jumelles conçue par les artistes Claes Oldenburg et Coosje van Bruggen.
C’est en 1997 avec l’achèvement du Musée Guggenheim de Bilbao (Espagne), que Frank Gehry devient un des architectes les plus influents et reconnus dans le monde entier. Gehry réussit à matérialiser ce qu’il a en tête : un bâtiment aux formes et ondulations organiques, une véritable prouesse architecturale qui pousse au bout la logique de déconstruction. Les formes n’ont pas de raison géométrique et ne sont régies par aucune loi !
Autre exemple du génie créatif et déstructuré de l’architecte : la réalisation de l’hôtel Marquès de Riscal, situé dans la région de la Rioja Alavesa en Espagne. Un endroit unique au design avant-gardiste ancré au milieu des vignes. On y retrouve la « patte » Gerhy : des volumes colossaux, des perspectives uniques entre angles marqués et vagues ondoyantes, et un jeu sur la couleur.
1 an plus tard, l’architecte, qui est devenu une superstar, démarre la construction d’un bâtiment non moins étonnant : Le Lou Ruvo Brain Center for Health à Las Vegas (2007-2010). On peut une nouvelle fois parler d’une sculpture architecturale animée par un mouvement, ce qui, du point de vue de l’architecte, exprime un « sentiment ».
Si Frank Gerhy fait « danser » les édifices qu’il construit - il coréalise la Maison Dansante à Prague en 1996 qui porte bien son nom :-) -, il aime aussi exercer son art dans la verticalité. Ainsi en est-il d’une des dernières grandes « folies » de l’architecte : la Fondation Luma à Arles. Anticonformiste, progressiste comme il aime à se définir, Frank Gerhy et son œuvre laissent rarement indifférent : une empreinte indélébile dans l’histoire de l’architecture contemporaine…